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L’actrice Ninon Sevilla, icône sexuelle d’après-guerre, est morte au Mexique

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ninon sevillaIcône sexuelle des écrans d’après-guerre, l’actrice Ninon Sevilla est morte à Mexico, le 1er janvier 2015, à 93 ans. En France, elle avait séduit toute une génération de cinéphiles et d’érotomanes. Parmi ses admirateurs figuraient le réalisateur François Truffaut et les écrivains André Pieyre de Mandiargues et Raymond Queneau.

Née Emilia Olimpia Andrea Pérez Castellanos, le 10 novembre 1921 à La Havane, elle avait adopté son nom artistique en hommage à la courtisane Ninon de Lenclos. Elle débute comme danseuse de cabaret à Cuba, avant de poursuivre sa carrière dans les théâtres du Mexique, où la découvre le producteur Pedro Arturo Calderon.

Ninon Sevilla joue dans Carita de cielo (José Diaz Morales, 1946), puis devient la principale incarnation de la « cabaretière » ou « rumbera », véritable sous-genre du cinéma mexicain de la grande époque. Les studios de Mexico étaient capables de « nationaliser », d’adapter le mélodrame hollywoodien aux mentalités locales. Ninon Sevilla surgit comme une danseuse tropicale atypique par son allure : elle est blonde, alors que les autres stars de la danse étaient brunes, métisses, voire « exotiques » (comme Tongolele).

Ninon est aussi agressive et insinuante vis-à-vis des hommes qui la manipulent. Elle a parfois une moue enfantine, exprimant méfiance et défi. Elle s’écarte de l’archétype de la femme soumise, victime passive, prédominant sur les écrans mexicains. Elle malmène l’hypocrisie morale d’une société corrompue, affairiste, qui ne partage plus l’idéalisme du général Lazaro Cardenas, la dernière présidence marquée par un sursaut révolutionnaire (1934-1940).

La Vénus du Mélo

A l’époque, les films mexicains étaient distribués dans les salles populaires de l’Hexagone, le cinéma du samedi soir, parfois en double version (VF et VOSTF). Ses fans français voient en elle la « Vénus du Mélo », capable de réconcilier les frères ennemis de la rive droite et de la rive gauche. Aux Cahiers du cinéma, Jacques Audiberti n’hésitait pas à la comparer à Greta Garbo et à Marlène Dietrich. A Positif, Raymond Borde écrivait : « Ninon Sevilla est la seule danseuse qui aille aussi loin dans la simulation de l’acte sexuel. Son attitude favorite : renversée sur le dos, les jambes pliées et palpitantes » (Positif n° 10, 1954).

Ses plus fameux rôles sont dus au réalisateur Emilio « El Indio » Fernández (Quartier interdit/Victimas del pecado, 1950) et surtout à Alberto « Tito » Gout : Revancha (1948) ; Maison de rendez-vous (Aventurera, 1949), sans doute le meilleur ; Femmes interdites (Sensualidad, 1950) ; la Professionnelle (No niego mi pasado, 1951) ; Maison de plaisir (Mujeres sacrificadas, 1951) ; Disparue à Rio (Aventura en Rio, 1952).

On l’a vue encore dans Señora Tentación (José Diaz Morales, 1947), Coqueta (Fernando A. Rivero, 1948), Perdida (Fernando A. Rivero, 1949), Rita, fille ardente (Llévame en tus brazos, Julio Bracho, 1953). Grâce aux coproductions, elle tourne dans son pays natal, Cuba (la Mulâtresse [Mulata], Gilberto Martínez Solares, 1953 ; Yambao, la fille de Satan [Yambao], Alfredo B. Crevenna, 1957), ainsi qu’au Brésil (Mulher de Fogo/La mujer de fuego, Tito Davison, 1958) et en Espagne (Música de ayer, Juan de Orduña, 1959).


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